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Le texte « Rojava : la Guerre Populaire, ce n’est pas la Guerre de Classe », que vous pouvez lire ci-dessous, représente une contribution de la « Tendance Communiste Internationaliste » (TCI) au débat qui a lieu depuis plusieurs semaines dans certains milieux qui se revendiquent de la « lutte anticapitaliste ». Les points centraux de cette discussion tournent autour des événements actuels au Kurdistan occidental, le Rojava.
Même si généralement nous ne sommes pas d’accord avec le corpus idéologique de la TCI (malgré certaines positions et références programmatiques communes), nous avons néanmoins décidé de publier ici ce texte et de le traduire en tchèque et en français à partir de la version originale anglaise, car nous partageons la défense des positions internationalistes qui y sont abordées. L’État n’est pas simplement une structure constituée du gouvernement, de la police, de l’armée et d’un appareil administratif ; l’État, comme le mouvement communiste l’a déjà saisi, est un rapport social, la matérialisation de l’ordre du monde capitaliste, peu importe si sa légitimité est basée sur des assemblées parlementaires ou communautaires. Si donc le PKK et ses affidés du PYD revendiquent qu’ils ne cherchent pas à créer un État, c’est seulement parce qu’en réalité ils représentent déjà l’État, en raison du rôle, pratique et idéologique, qu’ils jouent au Rojava. Ce que certains des partisans du PKK appellent très justement « un État sans État », c’est-à-dire un État qui ne se territorialise pas obligatoirement sous la forme d’un État-Nation, mais qui in fine constitue un État tout de même dans ce sens où les rapports sociaux capitalistes, la propriété privée, ne sont pas remis fondamentalement en question.
Contrairement aux euro-centristes de tout poil et autres adorateurs de la division du monde entre d’une part des « pays centraux » (d’où seuls pourrait provenir l’étincelle qui allumera le brasier de la révolution) et d’autre part la « périphérie » du capitalisme, nous n’avons aucun doute qu’il y ait un mouvement prolétarien au Rojava (comme dans toute la région du Moyen-Orient, et c’est là déjà un des désaccords de fond que nous avons avec les positions de la TCI en général), un mouvement qui malgré ses faiblesses vise, bien que seulement partiellement, à l’émancipation de la classe ouvrière, et qui dans ce sens fait intégralement partie du mouvement prolétarien mondial qui participe de l’abolition du capitalisme et de la création d’une réelle communauté humaine – le communisme. Ni le PKK ni le PYD cependant ne représentent ce mouvement et cela malgré leurs proclamations apparemment prosocialistes et en faveur de ce fétiche à la mode qu’est la démocratie directe (à travers le soi-disant « tournant politique » du PKK qui aurait adopté le « confédéralisme démocratique », le « communalisme » et le « municipalisme » chers à toute une kyrielle de libertaires proudhoniens à travers le monde). Et si de prétendus révolutionnaires continuent à les soutenir sans critique (ou même en adoptant un « soutien critique » à la Trotski), ils deviendront les fossoyeurs de ce mouvement fragile, de la même façon que cela s’est passé avec le soutien au Front Populaire en Espagne en 1936. Continue reading