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http://italy.indymedia.org/news/2004/07/581590.php Invia anche i commenti.

LES ENQUETES CONTRE LA POLICE POUR L'ECOLE DIAZ
by imc italy Sunday, Jul. 04, 2004 at 6:56 PM mail:

La traduction en français du résumé publié sur Indymedia ici: http://italy.indymedia.org/news/2004/06/574284.php

LE POINT SUR LA SITUATION DES ENQUETES SUR LES CHEFS DE LA POLICE POUR LES EVENEMENTS DE L’ECOLE DIAZ

La vérité historique est, pour l’essentiel, déjà écrite. La descente à l’école Diaz fut décidée par les rangs les plus élevés de la police présents à Gênes en occasion du G8, dans une réunion qui eut lieu le soir du 21 juillet 2001 dans le bureau du préfet de police Colucci, après deux jours d’affrontements qui avaient provoqué un mort, des centaines de blessés et peu d’arrestations.
Le préfet Arnaldo La Barbera, chef de la police de prévention arrivé l’après-midi même de Rome, présidait cette séance ; Gratteri (chef du Service Central Opératif, SCO), Calderozzi (adjoint de Gratteri), Murgolo (adjoint au préfet de police de Bologne), Mortola (chef de la DIGOS de Gênes) et, après 22h30, Canterini (chef de la brigade mobile de Rome) étaient présents aussi. Il s’agît de fonctionnaires qu’on retrouvera à l’école : l’ordre d’entrer en action fut donné par Gianni De Gennaro par téléphone.

Plutôt qu’une fouille, qui d’ailleurs n’eut pas lieu, il fut question d’un coup de filet : ils voulaient faire le maximum d’arrestations à cause du bilan catastrophique du point de vue de l’ordre publique. On sait maintenant que le sous-chef de la police, le préfet Ansoino Andreassi, manifesta ses doutes et ne participa pas au briefing. Par ailleurs, De Gennaro l’avait pratiquement démissionné en envoyant La Barbera à Gênes.
Il reste à éclairer la raison du recours aux 70 agents du groupe spécial de la brigade mobile de Rome et la brutalité inouïe de la descente, à la quelle participèrent aussi des dizaines d’agents de police en uniforme ou en civil, mais qui appartenaient à d’autres groupes.

L’opération, officiellement justifiée par un prétendu lancement de pierres contre les voitures d’une patrouille de police, se termina avec 61 blessés parmi les 93 manifestants surpris dans l’école, qui en grande partie dormaient et qui – selon le décret d’acquittement qui les blanchit de toute accusation – n’opposèrent aucune résistance, mise à part la fermeture de la grille et de la porte d’entrée (défoncées). Les 93 personnes furent toutes arrêtées pour participation en association de malfaiteurs finalisée à la dévastation et au pillage, sur la base des procès-verbaux des fouilles et des saisies certifiant la découverte d’armes non autorisées et de deux cocktails Molotov, mais les juges génois ne validèrent pas ces arrestations.

LES ACCUSATIONS

Le procès pour les violences et les fausses preuves à l’école Diaz, qui a commencé samedi 26 juin 2004, fait trembler le Ministère de l’Intérieur.
Parmi les 29 accusés, figurent des fonctionnaires très proches du chef de la police, comme Francesco Gratteri, qui entre-temps a été mis à la tête de la brigade anti-terrorisme, juste au bon moment pour le présenter comme le justicier des nouvelles Brigade Rouges ; des dirigeants de police de haut niveau comme le chef des experts de la police de prévention, Ganni Luperi (coordinateur de la task force européenne qui enquête sur les mouvements anarchistes) ; enquêteurs comme Gilberto Calderozzi (ex-adjoint de Gratteri au SCO), Filippo Ferri (depuis la brigade mobile de La Spezia aux enquêtes sur le meurtre Biagi) et Fabio Ciccimarra (accusé aussi dans le cadre de l’enquête sur le violences à la caserne Raniero a Naples). Il s’agît de fonctionnaires gérant des dizaines d’agents de police et qui, mis à part Luperi, viennent tous des brigades mobiles et de la lutte contre la délinquance et les organisations criminelles, en premier lieu Gratteri et Di Gennaro lui-même. Ils doivent se défendre de l’accusation de faux et de calomnie dans l’histoire des deux cocktails Molotov fabriqués, avec les autres signataires des procès-verbaux de la Diaz : de Mortola à l’adjoint au préfet de police Massimiliano Di Bernardini (brigade anti-rapines, brigade mobile de Rome), à l’adjoint au préfet de police Pietro Troiani et à l’ex-agent Alberto Burgio, qui manièrent les deux cocktails Molotov avant qu’ils finissent dans les mains des dirigeants, qu’un caméra providentielle filma dans la cour de l’école.

Pour les violences à l’intérieur de l’école Diaz, les accusés de lésions personnelles en concours sont Vincenzo Canterini, Michelangelo Fournier (son adjoint à la brigade mobile de Rome) et les huit chefs d’escouade (Fabrizio Basili, Ciro Tucci, Carlo Lucaroni, Emiliano Zaccaria, Angelo Cenni, Fabrizio Ledoti, Pietro Stranieri et Vincenzo Compagnone). Les images, le déclarations de Gratteri devant la commission parlementaire et les rapports de service des chefs d’escouade eux-mêmes, comparés avec les témoignages des victimes qui, en quelque cas, ont pu reconnaître les uniformes, montrent que les soixante-dix agents romains, tous appartenant à la brigade spéciale anti-émeute créé avant le G8, sont entrés en premiers, mais que des dizaines de policiers en uniforme et en civil ont participé à l’agression, et n’ont jamais été identifiés. C’est pourquoi le tribunal a demandé l’acquittement des agents de Canterini.

Un d’entre eux, Massimo Nucera, est toutefois accusé de fausse preuves et de calomnie pour avoir dénoncé avoir reçu, pendant l’opération, un coup de couteau de la part d’un occupant de l’école jamais identifié.

Un dernier groupe de fonctionnaires et agents doit répondre des accusations de fouille immotivée, dommage, vol et lésions personnelles pour avoir effectué une descente à l’école Pascoli, en face de la Diaz, qui hébergeait le centre médias du Genoa Social Forum : ordinateurs détruits, disques durs emmenés, matériel saisi. Les inculpés sont Salvatore Gava, chef de la brigade mobile de Nuoro, le néapolitain Alfredo Fabbroncini et le policier de la brigade mobile romaine Luigi Fazio, celui-ci accusé aussi des violences sur un jeune allemand. Pendant l’audition devant la commission parlementaire d’enquête sur le G8, Gratteri avait assumé la responsabilité des faits de l’école Pascoli, car lui-même avait donné l’ordre de fouiller là-bas aussi.

L’ENQUETE

L’enquête sur le fouilles à l’école Diaz a commencé quand les juges du parquet de Gênes, après avoir entendu les arrêtés, ont invalidé les arrestations et ont transmis les actes au procureur général.
Entre-temps, De Gennaro avait été forcé à ordonner trois enquêtes internes, commissionnées à des « super-inspecteurs » : une enquêtes portait sur les débordements, une sur les brutalités à l’intérieur de la caserne de Bolzaneto et une sur les faits de l’école Diaz, confié au préfet de police (maintenant préfet) Giuseppe Micalizio. En quelque jour, Micalizio avait conclu que l’opération avait été mal conçue et que les violences injustifiées avaient effectivement eu lieu. En conséquence de ses conclusions, trois ordonnances importantes avaient été décidées. Le sous-chef de la police Ansoino Andreassi, le chef de la brigade anti-terrorisme Arnaldo La Barbera et le préfet de police Francesco Colucci (c’est-à-dire, tous ceux qui, pendant cette nuit-là avaient pris position contre la descente à l’école) avait été relevés de leurs charges, tandis que pour Canterini on proposait le licenciement de la police. Immédiatement après, De Gennaro, La Barbera, Gratteri e Canterini lui-même furent entendus par les membres du comité parlementaire d’enquête sur le G8 : pas grande chose, par rapport à ce qui sera découvert par les procureurs, mais assez pour voir le chef de la police en difficulté, Gratteri au contraire défendre les choix de l’opération à tout prix (« les fouilles ne se font pas avec les gants ») et La Barbera et Canterini s’affronter publiquement, le premier affirmant avoir déconseillé le blitz sans avoir été écouté. « Je lui dis ‘Laissons tomber, ce n’est pas le cas…’ ».

Toutefois, ceci n’a pas suffi, selon la procure, pour accuser tous le fonctionnaires présents à l’opération. Au début, en juillet-août 2001, aucun n’est mis en examen, et au plus les policiers sont entendus en tant que témoins. Un bras-de-fer commence entre le procureur général Francesco Meloni, soutenu par l’adjoint Francesco Lalla qui le remplacera en 2003, et ses substituts qui s’occupent directement de l’affaire, Enrico Zucca et Francesco Pinto, auxquels s’ajoutent Francesco Cardona Albini, Monica Parentini, Stefania Petruziello et Vittorio Ranieri Miniati. L’obstructionnisme de la police commence : aujourd’hui il n’y a pas encore de liste complète des 270 policiers qui participèrent à la descente. Et il faut des mois pour identifier le quatorze signataires des procès-verbaux : ou bien treize, car la quatorzième signature restera toujours illisible. Mais après quelque mois Canterini et sa brigade seront mis en examen pour concours en lésions personnelles.

Novembre 2001 est un véritable tournant. Le magistrats remarquent que Pasquale Guaglione, adjoint au préfet de police à Gravina di Puglia (Bari) et en service à Gênes pendant le G8, avait rapporté avoir remis aux brigade de police deux cocktails Molotov saisis en Corso Italia pendant les débordements de l’après-midi du 21 juillet. Guaglione l’avait écrit dans son rapport, mais le procès-verbal de la saisie des deux bombes, considérées comme des armes de guerre, était manquant. Et l’absence de ce procès-verbal avait donné des soupçons aux Ministères Publiques Pinto e Zucca, qui décidèrent d’interroger Guaglione par rogatoire de la Procure de Bari, avec un petit truc : ils montrèrent au fonctionnaire, à son insu, les cocktails saisis à la Diaz et lui demandèrent s’il s’agissait des bouteilles dénichées en Corso Italia. Guaglione les reconnut de suite comme étant celles découvertes par sa brigade, car il se souvenait des étiquettes de vins connus. De plus, Guaglione refera au magistrats qu’il ne les avait pas remis à un policier quelconque, mais au dirigeant Valerio Donnini, qui à Gênes était responsable de toutes les brigades mobiles et est le créateur du groupe anti-émeute qui envahit l’école Diaz : le préfet de police, pendant la réunion avec La Barbera, appelle ce même Donnini pour qu’il mobilise ce groupe pour l’opération à l’école. Et les deux cocktails Molotov sont arrivés à la Diaz dans le jeep Magnum du même Donnini, conduit par l’ex-agent Antonio Burgio, et où se trouvait l’adjoint au préfet de police Pietro Troiani. Les magistrats apprennent cela du chauffeur, qui était le même de Corso Italia : un jeune qui se dit repenti de ce qu’on l’a obligé a faire et qu’à cause de ça a démissionné de la police, où il était marqué à jamais comme infâme.

En mai 2002 les magistrats reçoivent l’expertise du RIS (Reparto Investigazioni Scientifiche, Division Investigations Scientifiques) des carabiniers, qui porte sur la veste et sur le gilet pare-balle de Nucera, qui avait déclaré avoir reçu un coup de couteau de la part d’un manifestant pendant l’irruption à l’école Diaz. Dans le rapport du colonel Garofano, à la page 16, on lit que « les épreuves expérimentales de coupure ont toujours démontré, contrairement à ce qu l’on observe sur les pièces à conviction, un alignement presque parfait entre les coupures sur la veste et celles occasionnées sur le gilet ». Au contraire, écrivent les carabiniers à la page 19, « le coupures de la veste ne sont pas alignées à celles du gilet. Il existe donc une évidente incompatibilité entre les coupures repérées sur les vêtements répertoriés et celle qu’on obtient expérimentalement selon la dynamique décrite dans les déclarations de Nucera ».

L’agent Nucera ne pourra donc que changer de version : le 7 octobre 2002, a quinze mois des faits, il dira que le coup de couteau n’était pas qu’un seul (comme il avait affirmé très nettement à deux reprises, dans le rapport de service et devant les magistrats qui l’entendaient en tant que victime), mais en fait il s’agissait de deux coups. Ensuite, pendant la comparaison probatoire, une deuxième expertise interviendra, commissionnée par le juge à Carlo Torre, déjà responsable d’avoir manipulé l’enquête sur l’homicide de Carlo Giuliani en suggérant la version de la pierre qui aurait déformé et dévié la balle du carabinier Mario Placanica : selon Torre, la deuxième version de Nucera est compatible avec les coupures sur la veste et sur le gilet. Pour les experts des victimes, les vêtements présentent des coupures qui suggèrent au moins quatre coups différents.

Mais le noyau de l’enquête est désormais l’affaire des deux cocktail Molotov. En juin 2002, les magistrats examinent un vidéo de la chaîne génoise « Primocanale », qui montre un groupe de fonctionnaires de rang élevé avec le sac bleu clair contenant les deux bouteilles, dans la cour de l’école Diaz.
Un coup important.
Ainsi, on comprend en quelles mains sont passé les deux bouteilles, portées par Burgio sous l’ordre de Troiani. Autour du sac bleu, le vidéo montre Luperi, Calderozzi, Murgolo, Gratteri, Canterini, et La Barbera aussi passe par là : aucun d’entre eux, jusqu’à ce moment, avait avoué avoir vu les cocktail Molotov dans la cour. A la limite, ils les avaient vu dans un deuxième temps. Et, de toute manière, pas dans le sac.
Le 31 juillet les magistrats se font répéter avec attention ces déclarations, puis ils éteignent la lumière et montrent le vidéo aux accusés. Luperi, après avoir vu cette scène, perd sa voix. Gratteri répond toujours et accuse la brigade de Canterini, selon la ligne de la défense convenue avec De Gennaro. Mais il sort du palais de justice fou de rage. Il sait qu’il ne pourra pas éviter l’inculpation du juge. Le seul qui se sauve est Murgolo, l’ex-adjoint du préfet de police de Bologne, qui aujourd’hui dirige les services de renseignement militaire, le SISMI : les magistrats en demandent l’acquittement car Murgolo était là seulement pour représenter le préfet Andreassi, et il était exclu des deux commandements découverts par l’enquête : celui des brigades mobiles, gérées par les dirigeants du SCO Gratteri et Calderozzi, et celui des hommes de la DIGOS, qui dépendaient des dirigeants de police de prévention La Barbera et Luperi. Aucun, en tout cas, n’est accusé des violences, car ils ont pu démontrer aux magistrats d’être arrivé sur place après la descente.

Les interrogatoires ont éclairé que les cocktail Molotov étaient dans la cour car Burgio les y avait mis, sur ordre de Troiani dont la présence sur les lieux demeure, aujourd’hui encore, inexpliquée. Officiellement, il ne participait pas à la fouille : il y est allé comme on va à une fête. Selon Troiani, qui est assisté par maître Biondi, ancien ministre de la justice, les deux cocktails sont passés par les mains de Massimiliano Di Bernardini, un collègue, adjoint du préfet de police du groupe anti-rapines de la brigade mobile de Rome. Di Bernardini, au contraire, nie les avoir prises, et avoue seulement les avoir vues dans la cour, dans les mains des autres. Les deux ont maintenu deux versions différents, bien que la police ait fait son possible pour les mettre d’accord : quand la police de Rome a remis à Troiani la lettre de convocation du tribunal génois (par la personne nommée …), elle lui a filé aussi le numéro du téléphone portable de Di Bernardini. Il est quand même éprouvé que les cocktails sont arrivé à Calderozzi, adjoint de Gratteri au SCO et donc supérieur direct de Di Bernardini (à l’école Diaz les hommes des brigades mobiles dépendaient de Gratteri et Calderozzi). Et Calderozzi apparaît effectivement dans le vidéo de la cour.
Bien sûr, tous les accusés se défendent et prétendent n’avoir participé à aucun dessein calomnieux. Mais ils ont du mal à prétendre qu’aucun, bien qu’enquêteur expert, ne s’était renseigné sur la provenance exacte de ces « armes de guerre ». Où les avait-on trouvé ? Et qui ? Dans les procès-verbaux, écrits par Ciccimarra et Ferri et signés aussi par Calderozzi, on lit qu’on avait trouvé les cocktails à l’intérieur de l’école, dans la salle de gym au rez-de-chaussée, de telle manière qu’elle résultent « à disposition des 93 occupants » arrêtés. E cette information, à la fin de l’enquête, apparaît fausse et calomnieuse. Et d’ailleurs elle n’est pas la seule dans le genre: dans les rapports, les tiges des sacs à dos sont indiqué comme « barres de fer », donc des armes non autorisées, et une riche collection d’autre objets aptes à l’agression est tirée des outils d’un chantier, resté fermé jusqu’à l’arrivée de la police.

Le procès, si le juge Daniela Faraggi décidera pour l’inculpation, portera sur cela. Devant le tribunal, Gratteri et les autres devront expliquer qu’ils y étaient mais qu’ils ne se sont pas aperçus des faux et des calomnies : si, par contre, ils en avait eu vent, en tant que officiels publiques ils avaient l’obligation juridique de les empêcher et, faute de ça, la loi les considère coupables au même titre des responsables matériels (article 40, II comma du code pénal). Il s’agira d’un procès par présomption, bâti toutefois sur des bases un peu plus solides que quelque coup de fil qui, en tant d’enquêtes signées par ces messieurs, vaut bel et bien une accusation de bande armée.

Notes :

« Prefetto » a été traduit par « préfet ».
« Questore » a été traduit par « préfet de police ».
« asssociazione a delinquere » a été traduit par « participation en association de malfaiteurs »

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