Le gaz, le pétrole et le
nucléaire (civil) sont
une « triade de combat » pour la Russie
« dans la guerre énergétique
mondiale », a estimé récemment Sergueï
Chmatko, le patron du groupe
russe Atomstroïexport qui construit des centrales
nucléaires à
l’étranger.
La
Russie « peut proposer en
même temps du pétrole, du gaz et du nucléaire.
Aucun Etat ne dispose
d’une telle triade de combat et c’est un sérieux avantage pour
la
Russie dans la guerre énergétique mondiale qui se
développe », a
observé, dans une interview parue le 22 juin dans le quotidien
des
affaires Vedomosti, ce responsable dont la franchise a certainement
embarrassé Vladimir Poutine.
Chmatko
a
fièrement déclaré que l’Etat russe avait
entamé une restructuration de
son secteur nucléaire civil et compte décrocher
jusqu’à un quart des
contrats de construction de nouvelles capacités dans les pays
qui ne
disposent pas de la technologie nucléaire.
Dans
les 20 à
30 prochaines années, quelque 500 gigawatts de nouvelles
capacités de
production d’énergie nucléaire devraient être
construits dans le monde,
dont 300 gigawatts dans les pays ne disposant pas encore de cette
technologie, a-t-il souligné. Atomstroïexport, qui dispose
aujourd’hui
d’un carnet de commandes de 4,5 milliards de dollars, compte y ajouter
« d’ici un an et demi à deux ans encore 6 à 8
milliards de dollars
supplémentaire », a souligné le bien bavard
Chmatko.
Le
patron
d’Atomostroïexport considère que le marché en cours
de libéralisation
d’Europe centrale et orientale comme particulièrement
intéressant,
d’autant plus que ces pays sont déjà
équipés par le technologie
nucléaire russe (de qualité soviétique – ndlr).
Atomostroïexport
est candidat pour terminer la construction de la centrale Belene en
Bulgarie, et discute également de contrats de modernisation pour
la
modernisation de la centrale Paksh en Hongrie et la construction des
blocs 3 et 4 de la centrale Mochovce en Slovaquie. Des pourparlers sont
en cours avec la Turquie, le Vietnam et les pays d’Amérique
latine…
Atomostroïexport est également présente au Belarus,
en Ukraine où deux
nouveaux blocs doivent être construits et au Kazakhstan qui veut
construire une centrale.
Même
sans les propos triomphalistes du patron d’Atomostroïexport,
chacun
atteste de l’indécente santé économique de la
Russie qui déploie son
aura sur le Moyen-Orient en renforçant sa présence en
Iran. L’Alliance
Iran-Russie est par ailleurs vitale pour une ascension éclair de
la
Russie au premier rang mondial. La Russie est pressée et
ça se voit. Son
empressement risque pourtant de lui coûter cher et lui valoir
l’opposition de l’UE ou de la Chine qui n’entendent pas laisser un
état
disposant de la « triade de combat» leur dicter leur
diplomatie.
Le
27 juin, le président russe Vladimir Poutine a été
même contraint de
monter au créneau pour défendre la politique
énergétique de la Russie
en rejetant les critiques, émanant notamment des
Européens, sur les
tendances « néo-impérialistes » du
Kremlin. Et pourtant, nous ne sommes même
pas dans la phase offensive du combat, mais seulement en période
de réarmement.
Les
Européens importent un quart de leur gaz de Russie, l’on se
souvient
qu’il y a moins d’un an, ces mêmes Européens pressaient la
Russie
d’augmenter la part d’approvisionnement de l’union, sans se douter que
leur dépendance vis-à-vis des Russes se transformerait en
un cauchemar
aussi bien énergétique que diplomatique.
En
septembre 2005, les Européens étaient certains que la
hausse des
importations d’énergie russe ne créerait pas de
dépendance européenne
unilatérale envers Moscou dans la mesure où la relation
serait
réciproque : l’Europe a autant besoin de la Russie pour
l’énergie que
l’État russe de l’Europe pour ses deniers.
La Russie vient de rembourser sa dette,
moins d’un an avant cette brillantissime analyse qui, vu les
résultats,
était sans doute également appliquée aux
régimes des mollahs.
Pendant
ces précieux mois, la Russie et les mollahs ont constitué
d’influents
lobbies en Europe (en France, on peut citer Adler,
Chevènement...),
tout en préparant leur Alliance et en rêvant de supplanter
l’UE pour
lui ravir sa place d’allié historique des pays arabo-musulmans
(lire
notes ci-jointes).
La
Russie ou le régime des mollahs : l’Europe a surtout une
politique
anti-américaine et rien d’autre : aucune politique Russe,
aucune
politique iranienne.
Cette
diplomatie anti-américaine profite pleinement aux objectifs
économiques
et surtout géostratégiques des Russes, des mollahs et des
Chinois.
C’est par ses propres mauvais choix que l’UE prend le chemin pour
sortir de l’Histoire. La désunion de l’UE ne sera synonyme d’un
déclin
de tous les états Européens. L’Allemagne se distingue du
lot par ses
liens avec les Russes et avec les Chinois.
La
Grande-Bretagne, qui a toujours eu des liens très tenus avec le
clergé
chiite iranien, se montre très discrète sur les conflits
avec les
Russes. Il y a 100 ans, en 1906, les Britanniques ont soutenu la
révolution constitutionnaliste iranienne qui donnait le pouvoir
à une
assemblée soumise à la charia et s’assurait la
loyauté d’un pays qui
les intéressait pour sa position stratégique et pour son
pétrole
nouvellement découvert.
Auparavant, l’Iran des Qajar
était dominé par les Russes et les Britanniques et les
princes Qajar
étaient sous protection de l’un ou de l’autre, souvent
débiteurs de
l’un ou de l’autre, et mêmes rémunérés par
ces deux états. La dynastie
Pahlavi et son train de réformes ultra-laïques avaient mis
un frein au
projet de l’islam parlementaire voulu par l’Empire Britannique. Et le
soutien américain à ce régime progressiste avait
tenu en échec les
Soviétiques à partir de 1941.
Un
point très perturbant de l’histoire est la carte de l’Europe.
Nous
sommes revenus d’un point de vue purement géographique aux
frontières
de la période précédant la seconde guerre
mondiale. Et nous nous
retrouvons dans une situation presque similaire : l’Allemagne
s’affirme, la Russie également, les deux aspirant à une
plus vaste
représentation internationale. La Russie revient
également à ses
ambitions colonialiste sur l’Iran où elle détenait les
leviers du
pouvoir du temps des Qajar, avant les évènements de 1906.
Il
semblerait que les grands et petits acteurs présents sur
l’échiquier
Iranien avant la seconde guerre mondiale s’y retrouvent dans une
configuration très favorable aux Russes. Ces derniers veulent
prendre
leur revanche et reconquérir l’Iran, s’ouvrir une voie vers
l’Océan
Indien et isoler l’Asie Centrale (qui doit se tourner vers l’OCS). Le
premier acte de la 4ème guerre mondiale ne sera pas
militaire : son
objet sera de forcer le départ des américains de la
région et ceci
semble plausible tant que L’Iran et l’Europe seront les alliés
de la
« Triade de combat » russe.
La
Russie peut compter pleinement sur l’anti-américanisme de
l’Europe et
son absence totale d’une politique Russe : la France ne fait pas
défaut
à cette règle, même si elle est le pays de l’Europe
qui aura le plus à
perdre, ses marchés nucléaires, ses marchés
militaires, ses alliances
avec les pays arabes…
WWW.IRAN-RESIST.ORG
Pour en savoir + :
Sanctions
: Les véritables inquiétudes des Russes
(2 FEVRIER 2006)
La Russie et les pays
musulmans. En
2005, la Russie a obtenu le statut d’observateur auprès de
l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI). Et
l’année prochaine,
la Russie va assurer la présidence tournante du G8 et elle
projette de
se concentrer sur la mise en œuvre du plan d’action « Partenariat
pour
le progrès et avenir commun avec la région du
Moyen-Orient élargi et de
l’Afrique du Nord », plan adopté au Sommet du G8 aux
Etats-Unis en
2004. La « Proposition d’enrichissement délocalisé
» permettra aux
Russes de rafler tous les futurs marchés nucléaires en
Iran et aussi
ceux dans la région du Golfe et plus spécifiquement dans
tous les pays
musulmans.
La
Russie et ses adversaires. Dans les années 70,
les Américains ont mis au point l’Arc de la Crise (Crescent of Crisis)
pour utiliser l’islamisme pour exploser la Russie. Cette
dernière a retenu la leçon et semble vouloir utiliser le
même
dispositif gagnant pour neutraliser les Chinois par une diplomatie du Containment
(endiguement) à l’Est et par une politique de Rollback
(refoulement) vers l’Ouest pour chasser les Américains du
Moyen-Orient. C’est plutôt audacieux
d’utiliser les deux mêmes armes utilisées par les
Américains contre
elle pour un retournement spectaculaire de l’équilibre des
forces. Dans
cette « Fuite en Avant » que nous avons
exposée dans notre précédent
article*, l’Iran des mollahs et sa politique de provocation permanente
jouent le rôle d’un joker, d’un va-tout : c’est là le point qui oppose diamétralement
les Chinois aux Russes ! . (source : IRAN-RESIST)
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à propos d’une possible
réaction de la Chine:
La Chine
n'utilisera pas son veto : décodage
(9 MAI 2006)
L’apporvisionnement
énergétique Européen. L’Union
européenne est le principal consommateur à la fois de
pétrole et de gaz
naturel. En 2002, la consommation de l’UE a par exemple atteint 38.5%
de la consommation mondiale de pétrole tandis que celle des
États-Unis
s’élevait à 17% et celle du Japon 12%. En 2000, 48% du
gaz naturel de
l’UE, s’élevant à 23.7% de la consommation globale de
gaz, avait été
importé. Comme le gaz hollandais et les réserves de
pétrole de la mer
du Nord s’épuisent progressivement, la dépendance
énergétique du
continent ne peut que s’accroître et il est prévu que
d’ici 2020, 75%
du gaz consommé dans l’UE sera importé, dont une large
quantité en
provenance de la Russie.
Suite
au démantèlement de l’URSS en 1991, les exportations
d’énergie de la
Russie vers l’Europe de l’Ouest ont augmenté de manière
exponentielle.
En octobre 2000, le président russe Vladimir Poutine a
signé un accord
avec l’UE sur une stratégie de partenariat d’énergie.
L’un des
développements les plus récents a été la
conclusion de négociations en
septembre 2005 entre la compagnie russe d’Etat Gazprom et les firmes
allemandes, BASF et EON, visant à mettre en place le «
North European
Gas Pipeline » (NEGP). Courant sur plus de 1.200 km sous la mer
Baltique, de la baie de Portovaya en Russie au port allemand de
Greifswald, ce nouvel oléoduc entend ouvrir un nouveau chapitre
dans
l’histoire des importations russes vers l’Europe. Le tracé du
NEGP a
été conçu de façon à éviter
tous les pays de transit, délivrant
directement le gaz naturel à l’Europe de l’Ouest, en
s’écartant des
pays de l’est peu heureux de cette mesure.
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Pour en savoir + :
Aucune
alternative énergétique viable pour l'Europe
...Si les mollahs demeurent au
pouvoir... (27 MAI 2006)
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