à propos des 3 dvd du témoin, l'agent Corda
Enquête sur les manifestations du G8 : un film pour le ministère public
à propos des 3 dvd du témoin, l'agent Corda
Le procès contre 25 manifestants du G8 dans la salle-bunker du Tribunal de Gênes est le premier procès en Italie où une quantité impressionnante d'images est utilisé pour construire des chefs d'accusation. Il ne s'agit pas d'enregistrements originaux mais d'extraits choisi pour montrer ce qui pourrait être utile à l'accusation. Il a été monté une vidéo, synthèse de 3 heures sur les centaines d'heures tournées, avec des sous titrages d'explication des faits. C'est ce qui va présenter l'accusation contre les manifestants.
Trois dvd d'environ une heure doivent illustrer des centaines d'heures enregistrées par les caméras, et résumer ce qui c'est soit-disant "réellement" passé. Pour aboutir à ce résultat, l'accusation a monté une opération grâce à l'expertise d'un agent de police de Gênes - Corda - qui a reçu 240 heures de matériel (non monté, une liste avec des indications sur les lieux, situations et moments forts - dramatiques - qui pouvaient être exploités au montage définitif par l'accusation. Mais le montage reste toujours un travail de "construction" d'une oeuvre : on choisit ce qu'on veut montrer, on coupe ce qui "n'intéresse pas" ou contredit. Dans ce cas - grâce au travail de Corda organisé par le Parquet - l'histoire de Gênes est réécrite à nouveau.
Dans le film montré, le temps de ce juillet 2001, la chronologie des événements et leur dimension dans l'espace, a subi une compression. Les sous titres suggèrent des "preuves" déjà cités dans le réquisitoire du ministère publique, et avant même d'être éxaminées, elles deviennent des pièces maîtresses.
C'est une manipulation politique, car si l'histoire du cinéma nous a permis d'apprendre que le montage est un choix de contenus artistico-politiques ; dans le cas présent du procès, ce montage juridiquo-politique risque d'influencer les esprits et devenir une vérité construite qui pèsera lourd sur l'issue du procès.
L'évaluation des événements du 20 et 21 juillet 2001 peut se faire seulement si on considère le contexte général dans lequel les faits se sont produits. Il n'est pas possible d'avoir une vision soit peu objective, ou au moins sans préjugés quand on ne montre que la réaction des manifestants aux charges policières ; sans jamais montrer les charges sauvages des forces de l'ordre ni les agressions violentes et injustifiées de celles-ci. Si il est compréhensif que le ministère publique ait une vision subjective de ce qui s'est passé, elle n'en n'est pas pour autant une preuve. Et encore moins une preuve suffisante pour condamner 25 personnes. C'est une mécanique conçue pour se justifier en tant que telle. Si la cour accepte ces "preuves" comme le demande le ministère publique, on assistera au premier procès de l'histoire juridique italienne où le chef d'accusation principal se présente sous la forme d'un film monté d'après le scénario d'un magistrat du ministère publique, lui-même.
|