Par Raphaël Gardel
"Les foules qui vont au stade font partie du tissu social et là-dedans nous construisons notre travail politique. Nous ne sommes pas les pères des hooligans, mais nous sommes disposés à les adopter." Roberto Fiore et Massimo Morsello sont, selon leur propre définition "des fascistes déclarés" ("L'Espresso" 17.02.2000).
Ils ont fondé en 1997 le mouvement italien "Forza Nuova" (Force Nouvelle) qui revendique, avec "fierté", Benito Mussolini et le leader fasciste roumain des années trente, Codreanu, comme leurs "références éternelles". Aujourd'hui, leur mouvement, compte environ cinquante sections dans toute l'Italie (et 20.000 abonnés a "Foglio di Lotta", leur organe de presse), mais il a aussi de ramifications en Espagne et en Angleterre où les deux leaders fascistes ont passé quelques années d'exil parce que recherchés par les autorités italiennes pour "constitution de bande armée"... En réalité, Roberto Fiore et Massimo Morsello avaient disparu d'Italie après l'attentat de la gare de Bologne en 1980 qui coûta la vie a 85 personnes. A l'époque ils étaient les chefs de l'organisation d'extrême-droite, "Terza Posizione", "Troisième Position" (T.P.). Cette organisation paramilitaire, a été fortement soupçonnée d'être en liaison avec la loge maçonnique P2 de Licio Gelli, ainsi qu'avec les milieux mafieux palermitains. Selon les déclarations fournies par Giuseppe Valerio Fioravanti (un chef de la nébuleuse terroriste fasciste des Noyaux Armés Révolutionnaires) au procureur de la République de Padoue, le 19 février 1981, "Terza Posizione est une organisation fasciste qui nait fin 1979. Elle est composé essentiellement par des jeunes lycéens qui affirment avoir coupé complètement les ponts avec le Mouvement Social Italien (le parti néo-fasciste parlementaire, où militait Gianfranco Fini, l'actuel allié de l'ex-"P2-iste" Silvio Berlusconi, ndlr). Ils disent ne plus être "fascistes", ils disent etre "autre chose"... C'est une organisation paramilitaire avec une hiérarchie bien établie (...) Les fondateurs de T.P. sont Gabriele Adinolfi et Roberto Fiore. Ces chefs sont très habiles... (par exemple, ndrl), ils ne disaient jamais aux jeunes militants "il faut faire ce hold-up", mais ils exposaient au cours des réunions l'exigence d'avoir de l'argent pour un certain nombre d'initiatives, et ils font en sorte que les jeunes proposent "volontairement" un "hold-up". Ainsi les jeunes étaient envoyés au casse-pipe et quand ils étaient arrêtés les chefs pouvaient se justifier en disant que c'étaient des volontaires..."
Après s'être enfuis au Liban, Roberto Fiore et Massimo Morsello réapparaissent au grand jour à Londres, au début des années 80. Selon des révélations publiées en août 1998 par "The Guardian", les deux terroristes noirs avaient été recrutés au Liban par les services secrets anglais du Military Intelligence 6 (Mi6).
Une fois dans la capitale britannique, (où ils ne seront jamais inquiétés par les autorités, ni sous le gouvernement Thatcher ni sous celui de Major) ils fréquentent assidûment les milieux de l'extrême-droite proche du National Front (qui s'est dissous en 1989), avant de donner naissance à un "nouveau" mouvement: "International Third Position", Troisième Position Internationale (ITP). Parmi ses fondateurs on trouve aussi Nick Griffin, l'actuel leader du British National Party.
A Londres, le deux fascistes italiens, montent aussi différentes sociétés d'affaires, notamment, une agence de voyages et de services un peu particulière. Baptisée Meeting Point, elle a pour vocation d'orienter les ressortissants italiens qui recherchent un emploi ou un logement. Leur patrimoine immobilier, géré par une galaxie de structures éparpillées dans toute l'Europe, est très difficile à estimer. Selon l'hebdomadaire italien "L'Espresso" la société Meeting Point disposerait à elle seule d'une dizaine de filiales dans l'espace européen. Il faut dire que les activités économiques liées à ces entrepreneurs mussoliniens sont entourées par une opacité à toute épreuve. En Espagne, à côté de Valence, ils ont acquis un petit village, Los Pedriches. "C'est un repaire clandestin, un village noir au beau milieu de l'Espagne" avait dénoncé dans ses colonnes le quotidien "El Pais". "Rien que des foutaises" répondent les investisseurs fascistes qui possèdent assez de capitaux pour envisager l'ouverture d'une banque. "Mais nous ne pratiquerons pas l'usure!" affirment-ils, "nous avons acheté un village qui était en ruine et nous désirons le rebâtir. Les gens qui y vivront le feront selon nos modèles de vie." Leur mode de vie... parlons-en: L'homosexualité? "c'est une maladie déviante!"... Les immigrés? "Il faut organiser leur rapatriement humain... en créant dans leurs pays des conditions de vie décentes" selon eux il ne s'agirait de rien de plus que de revenir, par certains aspects, à "des formes de colonialisme si critiqué de nos jours". Dans leurs programme, le petit village de Los Pedriches ne serait que la première d'une série de communautés "blanches et nationalistes", qui devraient héberger aussi des centres d'entrainement pour "soldats volontaires". "Final Conflict" est l'organe de ITP qui dispose aussi d'une maison d'edition "The Legionary Press" spécialisée dans la diffusion de textes fascistes, antisémites ainsi que des posters de Mussolini, Hitler et des Waffen SS.
Alarmé par les activité débordantes de Roberto Fiore et Massimo Morsello, à la fin des années 80, un député travailliste avait même interrogé publiquement le gouvernement, afin de savoir quel type de liaison entretenaient les services du Mi6 avec les deux Italiens. "La réponse ne serait pas dans l'intérêt public" avait répliqué immédiatement le gouvernement de Sa Majesté... Même en Italie, avec le temps, les responsabilités pénales de ces deux agents fascistes se sont miraculeusement effritées.
Roberto Fiore et Massimo Morsello sont aujourd'hui des citoyens libres qui partagent leur emploi du temps si chargé entre Londres et Rome. "Il faut que nous soyons fidèles à nous-mêmes, à nos propres racines et à notre propre mandat divin. Nous ne devons pas des excuses au monde pour avoir été fascistes! Car, la seule façon de s'en sortir, pour le peuple italien passe à travers le fascisme."
En attendant, ils continuent à recruter parmi les jeunes supporters violents, en mettant ainsi en oeuvre une véritable stratégie d'occupation fasciste des stades.
Evadons-nous
Licio Gelli:
http://www.amnistia.net/news/gelli/gelliart.htm
Berlusconi-P2:
http://www.amnistia.net/news/gelli/lesnoms.htm
www.amnistia.net/news/articles/fascdoss/romlondr/romlondr.htm
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