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Bolzaneto, anatomie d'un tabassage
by Alessandro Mantovani Tuesday, Oct. 28, 2003 at 1:50 AM mail:

Après l'école Diaz, il y a eu les conclusions des investigations contre les tortionnaires. Toutes les accusations contre les 42 policiers de la caserne génoise, où les altermondialistes arrêtés pendant le G8 de 2001 ont été battus, insultés et menacés. Pour la police pénitentiaire c'est encore la nuit profonde.

Bolzaneto, anatomie d'un tabassage

Il Manifesto
Alessandro Mantovani
[22/09/03]

Bolzaneto n'a pas reçu la même attention que l'école Diaz; le personnel du Ministère de l'Intérieur n'y est pas entré. Mais pour comprendre le sommet du G8 de Gênes il faut passer par la caserne de la 6ème troupe mobile de la police. Et se forcer de regarder en face les suspects inconnus -- cinq médecins pénitentiaires et 37 hommes et femmes de la police nationale, du personnel pénitentiaire et des carabiniers -- qui ont reçu des inculpations le 12 septembre pour des délits commis sur plus que deux cents altermondialistes arrêtés ou détenus entre le 20 et le 21 juillet 2001. Pourtant tout était vrai : les doigts écartés avec une force jusqu'à "arracher" une main, le spray urticant au CS pulvérisé dans la cellule, les coups de pied et gifles. Les injures fascistes, les chansons du genre, "un deux trois, vive Pinochet", des mesures digne d'un camp de concentration étaient monnaie courante. Et les incessantes intimidations, inacceptables : quelques-uns ont été contraints d' "aboyer", d'autres à dire "je suis une merde". Plusieurs racontent avoir été contraints à signer des fausses déclarations : dans les procès-verbaux il y a écrit que personne parmi les interpellés n'a demandé à téléphoner chez lui, aucun étranger ne voulait prévenir son consulat. Et les avocats ne pouvaient pas entrer : le procureur avait en fait déposé les "rapports des interrogatoires" chez les avocats, à première vue peu légitimes mais "avalisés" par le Conseil Supérieur Magistral.

DÉCLARATIONS "CRÉDIBLES"
Les témoignages affreux publiés pendant l'été 2001 dans les journaux (Republicca surtout), et rapportés aux juges incrédules appelés à valider les arrestations, sont recevables parce qu'ils "provenaient -- a observé un des procureurs magistraux génois -- des personnes des nationalités diverses, détenues dans des prisons diverses. Cela ne se comprend pas comme s'ils s'étaient mis d'accord avant". Des personnes, insiste un autre des six magistrats qui a investigué, "qui sont venus ici et qui ont fait mettre aux procès-verbaux seulement les choses dont ils pouvaient se souvenir avec certitude, indiquant aussi que tel ou tel agent -- surtout des carabiniers -- s'est bien comporté. Les reconnaissances individuelles ont aussi été honnêtes, bien que difficiles à cause du temps passé, le choc de ces moments, les photographies qui n'étaient pas présentables qui ont été envoyées..." Et encore, que les déclarations "ont été confirmées par d'autres témoignages ou des vérifications objectives. Nous ne nous sommes jamais satisfaits d'une unique reconnaissance individuelle, non vérifiée par d'autres personnes et par des vérifications certaines comme la coïncidence des tours de garde" prévient le premier procureur magistral. C'est pour cela que les événements les mieux reconstruits avaient pour théâtre l'infirmerie, où il y avait les malheureux altermondialistes mais aussi les infirmiers Marco Poggi et Ivano Pratissoli qui eux aussi ont accusé les médecins.

"GEÔLIERS" EN BLOUSES BLANCHES.
Les ministres publics Ranieri Miniati, Francesco Albini Cardona, Monica Parentini, Stefania Petruziello, Francesco Pinto et Enrico Zucca ont ainsi pu affirmer que le docteur Giacomo Toccafondi, de 48 ans, coordinateur sanitaire avec la blouse blanche mimétique, aurait tordu la main douloureuse de M.P. au lieu de la soigner. Il aurait aussi dit à V.B., "à l'école Diaz on aurait dû vous fusiller" ; aurait appuyé la matraque contre la bouche blessée de A.J.K. ; et aurait contraint à D.K.O. de se déshabiller aussi devant les policiers et de tourner de droite et de gauche. Mais Toccafondi nie tout et continue de travailler dans la prison génoise de Pontedecimo. On ne dirait pas moins du docteur Aldo Amenta, 33 ans, du pénitentier du Montferrat. Ce docteur aurait assisté sans ouvrir la bouche à la scène dans laquelle Alfredo Incoronato, agent napolitain de la police pénitentiaire, aurait battu L.G.L. à coups de poing, lui fracturant une côte, et se serait diverti à recoudre une blessure affreuse à la main de G.P. (provoqué par un agent) sans anesthésie, sous les yeux de ses collègues. On n'a jamais trouvé, par contre, le garçon étranger à qui il aurait arraché un piercing sans anésthésie. Malgré Hippocrate les medecins -- y compris les doctoresses Adriana Mazzoleni d'Alessandria, Sonia Sciandra de Sanremo et Marilena Zaccardi de Gênes -- sont accusées de ne pas avoir donné les secours dus, de ne pas avoir signalé l'origine malicieuse de certaines blessures, et d'avoir insulté et menacé les patients. Elles auraient violé le droit aux soins, la réglementation carcérale, et surtout l'article trois de la Convention Européenne des droits humains, qui prohibent "la torture et les traitements inhumains et dégradants". Mais pour le ministre de la justice syndicaliste, Roberto Castelli devra travailler dans les prisons jusqu'au jugement de la cour de cassation.

"COMITÉ D'ACCUEIL". Dans la cour de Bolzaneto il y avait un "comité d'accueil"; ainsi l'appelaient les procureurs magistraux. "Groupes d'agents appartenant aux diverses forces de l'ordre" qui ont accueilli et entouré les interpelés, dès leur arrivée, jusqu'à leur cellule, "avec des coups, des menaces, injures et parfois des gestes physiques", en général, "des coups de pied". Quelques inculpés ont du admettre qu'il y avait un "rassemblement" des collègues. Une fois là-dedans, on lit dans les rapports d'investigations, les interpelés étaient "contraints à rester, sans raison valable, de nombreuses heures debouts, avec le visage tourné vers le mur de la cellule, avec les bras levés, avec les jambes écartées, ou en d'autres positions non-justifiées, constituant privation excessive de la liberté personnelle" . Les accusés citent des "raisons de sécurité", mais les procureurs magistraux n'y croient pas parce que le traitement se serait "prolongé dans le temps au-delà de ce qui était nécessaire pour les perquisitions".

"INHUMAIN ET DEGRADANT". Déjà ceci est un délit infame : article 608 du code pénal, abus d'autorité sur les interpelés, peine maximum prevue trente mois. Jugeant la Grande Bretagne, la Cour Européenne des droits de l'homme a établi, il y a des ans, que l'obligation de rester debout contre un mur, appliquée aux prisonniers nord-irlandais considérés comme "terroristes", est un "traitement inhumain et dégradant" dans le sens de la Convention Européenne des droits de l'homme. Mais il y aurait besoin quand même de convaincre Castelli, qui a vu de ses propres yeux les altermondialistes face au mur, et qui a déclaré au parlement que tout cela "n'était pas très grave" parce que "les metallurgistes travaillent debouts du matin au soir pendant 35 ans, et ne se plaignent pas".

LE COULOIR. À Bolzaneto il y avait un couloir sur lequel donnaient toutes les salles. À droit et à gauche, au-delà de l'atrium, il y avait les bureaux dans lesquels les DIGOS (division investigations générales, opérations spéciales) ont fait les procès verbaux, puis les bureaux de la brigade mobile, les WCs et l'infirmerie. Au fond les caméras de sécurité, les premiers trois surveillants de la garde carcérale et les six autres, qui pouvaient voir la police nationale et les carabiniers. Dans le couloir, au moins pour quelques tours pendant les 20, 21 et 22 juillet 2001, les agents étaient disposés des deux côtés -- "presqu'à former deux ailes" précisent les procureurs magistraux -- et chaque fois qu'un interpelé passait ils ont recommencé avec des injures, des coups et des choeurs de stade du genre, "nous en avons tué un, nous devons en tuer cent", allusion trasparente à Carlo Giuliani, tué par un carabinier. Le couloir a été décrit par plusieurs, qui accusent aussi des agents en civil et en quelques cas indiquant les uniformes foncés qui auraient pu appartenir aux agents de l'effrayant Groupe Opérative Mobile du pénitentier; des informations spécifiques sur la responsabilité de ce groupe n'ont toujours pas emergé.

LES TORTIONNAIRES. E.P a indiqué l'agent penitentiaire Barbara Amadei (32 ans) comme la femme qui l'accompagnait et " l'a contrainte -- écrivent les procureurs magistraux -- à marcher le long du couloir avec le visage abaissé et les mains sur la tête, et a consenti ou en tout cas n'a pas empêché les autres agents de lui donner des coups de pied, de la ridiculiser et de la menacer", qu'elle la traitait de "putain" et "salope" et l'obligeait "avec violences et menaces à plonger la tête dans les chiottes". Quelques personnes sous enquête ont été reconnues pour des actes spécifiques de violence, d'autres pour des intimidations et des injures. Sur le policier génois Massimo Luigi Pigozzi pèse l'accusation la plus atroce: "Saisissant à deux mains les doigts de la main gauche de G.A., et tirant violemment sur ces doigts dans des sens opposés pour les écarter, causant à cette même G.A. -- écrit le procureur--des blessures personnelles entrainant une infirmité de 50 jours (blessures, lacérations, contusion d'une longueur de cinq centimetres entre le troisième et le quatrième doigt de la main gauche)".

Massimo Salomone, inspecteur génois d'environ 40 ans, aurait donné des coups de poing à D.L., ainsi que son collègue du même grade Gaetano Antonello; puis il aurait cherché à contraindre la française V.V. à signer des faux procès-verbaux, lui aurait montré des photos de ses enfants ("soit tu signes, soit tu ne les reverras plus jamais") et n'aurait pas objecté pendant qu'un autre policier la frappait sur la nuque. Et encore, l'agent Daniela Cerasuolo (surveillante) aurait "escorté" G.P. et C.G. dans le couloir, les exposant au traitement habituel. La collègue trentenaire Silvia Rossi aurait battu A.D.F. "lui tordant un bras derrière le dos pendant qu'elle l'accompagnait au WC". Giuliano Patrizi, surintendant (48 ans) de la pénitentiaire, aurait donné des coups de pied à F.F. et B.L., toujours dans le couloir. Tous ont répondu aux procureurs, niant les accusations.

LES CHEFS. Les autres, surtout les chefs, sont sous investigation pour le rôle qu'ils avaient: selon le code pénal (article 40.2) un policier qui malicieusement en laisse d'autres commettre un délit devrait être puni comme s'il l'avait commis lui-même. Les avocats attaquent naturellement sur ce point-là "mais -- explique encore un magistrat -- nous sommes d'accord qu'à Bolzaneto les abus subis étaient diffusés, generalisés. Personne -- il insiste -- n'a pu rester là-bas pendant des heures sans pouvoir intervenir pour faire cesser la violence. Et, en fait, quelques personnes sont intervenues. Nous ne parlons pas des théories". Par exemple, l'alors vice-chef de la DIGOS génoise Alessandro Perugini (42 ans) était dans un bureau qui donnait sur le couloir, sans autre porte. Il était le responsable de la caserne, et il a vu et y est resté pendant des jours entiers; aux procureurs magistraux, il a avoué avoir fait quelque chose pour tenter d'empêcher le "rassemblement" dans la cour, qui donc existait aussi pour lui. Est-il trop d'affirmer qu'il n'a pas assez fait ? Le même discours tient pour Anna Poggi, chef commissaire de 32 ans de la préfecture de Turin, et l'inspecteur de la prison Antonio Gugliotta, 43 ans, responsable de la sécurité de Bolzaneto et en service à la prison de Tarante, qui a été accusé devant les procureurs magistraux. Quant à Perugini, il travaille encore à la préfecture de Gênes où il dirige la logistique et le personnel. Malgré Bolzaneto et malgré l'événement notable du mineur d'Ostie, qui a pris des coups de pied du vice-préfet alors qu'il était déjà immobilisé.

FALSIFICATEURS ET GEÔLIERS. Ceux du bureau du matricule et ceux qui ont écrit et soussigné des procès-verbaux répondront pour des fausses attestations, un délit qui est spécifique et bien défini: c'était blanc et ils ont écrit noir, et pour un policier ceci n'est pas peu de chose. Les signataires sont Méssieurs Francesco Tolomeo et Giuseppe Fornasiere (inspecteurs), Giovanni Amoroso (assistant) et Marcello Mulas (agent spécial), tous de la prison. D'autres encores, responsables de veiller sur les écrans de sécurité, répondront au titre de l'article 608 pour des mésures de rigueur illicites, bien qu'aucun d'entre eux n'avait été dénoncé pour tel ou tel coup de pied, pour telle ou telle injure. Ça vaut aussi pour les carabiniers qui ont participé aux tours de surveillance du 21 juillet: deux sous-lieutenants, cinq maréchaux et quatre vice-brigadiers, tous du 9ème battaillon sarde, aucun n'étant accusé de violences particulières. Ça vaut aussi pour l'inspecteur de la police nationale Aldo Tarascio, qui a fini dans des journaux parce qu'il était sécretaire génois du syndicat SILP-CGIL, donc "policier démocratique" et pour cela plus libre que les autres de parler en tant que syndicaliste. Tarascio aussi n'a rien vu d'étrange, et en fait a dit qu'il s'occupait directement des arrêtés et avec toute l'humanité de ce monde. En tout il y a treize surveillants, plus les medecins, onze carabiniers et quatorze de la police nationale. Pourtant les magistrats préviennent que quelques cas mineurs peuvent être classés sans suite.

L'OMBRE SUR DOCTEUR SABELLA. Pour 57 des 99 personnes initiales sous investigation, le classement est déjà prêt. Les magistrats n'ont jamais pensé à envoyer au tribunal tous ceux -- il y'en avait des centaines -- qui ont servi à Bolzaneto. Et ils n'ont jamais mené d'enquête sur leur collègue Alfonso Sabella, le procureur magistrat sicilien (actuellement à Florence) qui à Gênes était le chef de mission du DAP (Département de l'Administration Penitentiaire) et a ainsi ruiné une réputation construite dans les tranchées de la lutte antimafia. Sabella, reconnu comme témoin, sort avec les mains blanches parce qu'il parait, au contraire des cas de Perugini ou de Gugliotta, qu'il n'est pas resté à Bolzaneto assez longtemps pour voir, comprendre et intervenir. D'accord. Mais pourtant, rappelez-vous que Sabella a pris la défense des gardiens pénitentiaires, s'est jugé lui-même, signant le rapport d'enquête interne qui distribuait une large absolution, évidemment. Pendant deux ans le DAP se tait: peut-être Castelli est le ministre qu'ils méritent.

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